Episode 8 : "pourquoi le petit est-il tout le temps en train de faire des bêtises/caprices … ?"
Episode 8 : "je suis un parent à la maison avec mon/mes enfant.s : pourquoi le petit est-il tout le temps en train de faire des bêtises/caprices … » ?
En ce moment, à la maison, il y a le ou les parents et il y a le/les enfant.s. Tout ce beau monde cohabite, tout ce beau monde est confiné ensemble. Il y a celui ou celle (ou les deux) qui télé-travaille.nt, il y a peut être de grands enfants ou ado qui ont du travail scolaire chaque jour et il y a peut-être de jeunes enfants qui n’ont pas de travail scolaire. Quelle que soit la configuration, c’est celle dans laquelle il y a un ou plusieurs jeune.s enfant.s de moins de 3 ans qui nous intéresse ici.
En ce moment, à la maison, il y des grands et un ou plusieurs petits. Tout ce beau monde cohabite, tout ce beau monde est confiné ensemble… ensemble… Mais tout ce beau monde n’a pas les mêmes préoccupations de vie, tout le monde n’en est pas au même plan de son développement, dirait Maria Montessori. L’Enfant traverse 4 moments, entre sa naissance et l’âge adulte, c’est à dire l’âge à partir duquel il vieillit.
Les jeunes enfants entre 0 et 6 ans, sont avant tout les explorateurs infatigables de leur vie ; ils absorbent littéralement le monde et leurs expériences faites dans l’environnement qui le entourent, c’est l’âge très énergique de la conscience du MOI :
- entre 0 et 3 ans, ils sont en pleine transformation à la fois physique (ils conquièrent la marche, affine le travail de leur main), communicationnelle (ils explorent et conquièrent le langage) et psychique (ils « se forgent » le caractère).
- entre 3 et 6 ans, ils conquièrent le « je », mais aussi le « non » (qui va de paire d’ailleurs ! « puisque j’existe et parle en disant « je », alors j’ai ce pouvoir d’exprimer ma propre volonté et donc de dire non ! » Ils prennent aussi conscience des autres et conquièrent leur autonomie c’est à dire leur capacité à faire seul.e ! Faire seul.e, mais en faisant comme l’adulte qui l’accompagne. Cette conquête se déroule le plus souvent par de longs travaux réalisés individuellement, ils ne sont pas forcément adeptes des activités de groupe. Ils se préparent aux apprentissages qui vont arriver dans le plan suivant (lire-écrire-compter).
Les enfants de 6 à 12 ans sont désormais attirés par le fait d’être avec leurs pairs, jouer, travailler ensemble. Leur développement physique n’est désormais plus au premier plan, ils se tournent donc plus vers les apprentissages « dans la tête » ; c’est l’âge où, à l’école traditionnelle, ils apprennent à lire-écrire-compter. C’est l’âge moral : l’âge du raisonnement, de l’intérêt au monde, à l’univers et à la morale (qu’est-ce qui est juste ? Qu’est-ce qui ne l’est pas ?), mais aussi l’âge d’exprimer son impression personnelle (ne dit-on pas « la vérité sort de la bouche des enfants ?!).
Les adolescents de 12 à 18 ans vont traverser deux sous-périodes de l’âge social, selon qu’ils ont :
- de 12 à 15 ans : c’est la puberté avec de grands bouleversements physiques et hormonaux, cette période peut faire penser à celle des petits de 0 à 3 ans (
- de 15 à 18 ans : c’est l’adolescence au sens propre, qui ne décrit pas un état abouti mais tout un processus de « celui qui est en chemin ». Les adolescents se posent désormais des questions qui touchent à leur vie sociale, ils ont besoin de se retrouver avec certains de leurs pairs ou des « mentors », auxquels ils cherchent souvent à ressembler.
Enfin, les jeunes adultes de 18 à 24 ans souhaitent s’inscrire dans des groupes de réflexions au sujet de la société, c’est l’âge moral, une nouvelle période plus calme, comme celle qui s’étale de 6 à 12 ans, celle qui permet parfois aux jeunes de s’engager, de trouver leur voie, au moins de la chercher.
Mais que font donc des individus aussi différents dans la même famille ?
Mais comment des individus dont les aspirations et besoins sont à ce point différents peuvent-ils vivre ensemble ?
Mais comment des individus si dissemblables peuvent-ils supporter le confinement ?
Voilà pourquoi on lit ou on entend, encore plus souvent en ce moment :
De la part d’un jeune qui se situe dans le plan 6-12 ans, au sujet de son petit frère de 3 ans :
- « c’est vraiment pas facile en ce moment, parce que mon petit frère est tout le temps en train de faire des bêtises ou des caprices, il se fait remarquer, il parle fort, il parle tout le temps, on dirait qu’il faut tout le temps qu’il nous coupe la parole, qu’il prenne toute la place,… »
En relisant les caractéristiques de chaque plan de développement : ce petit, au milieu de tous ces « grands » est en train de chercher à exister par lui-même et pour lui-même, il a besoin de le voir dans les yeux des grands, il s’exerce au langage donc parle le plus souvent possible, il existe, il veut faire comme les grands et prend la parole, mais connaît-il déjà tous les codes de la communication (tours de parole, respect de l’autre, ne pas couper la parole de celui qui parle,…) ?
De la part d’un grand adolescent de 20 ans au sujet de son frère de 12 ans :
- « tu pourrais, pour une fois, arrêter de dire tout haut ce que tu penses, parce que bon, on n’est pas tous comme toi, ça fait mal parfois ! »
En relisant les caractéristiques de chaque plan de développement : ce jeune de 12 ans raisonne, il veut donner son avis personnel, connaît-il tous les codes de la communication (ne pas toujours donner son avis si ça risque de gêner l’autre, par exemple) ?
De la part d’une jeune maman à propos de son jeune enfant qui se situe dans le sous-plan 3-6 ans :
- « ça vous arrive, vous aussi, de craquer dans cette période du « terrible three » ? J’en peux plus de ses « moi, moi, moi tout seul » ! Et trois secondes après, il faut que je fasse à sa place parce qu’il a fait n’importe comment ! »
En relisant les caractéristiques de chaque plan de développement : c’est précisément ses besoins du moment, il se construit, existe en tant que lui-même, explore l’effet des mots sur son environnement,… (voir l’épisode n° 7).
Dialogue entre une maman et un papa d’une adolescente de 12 ans :
- (la mère) « tu t’es laissé avoir par ses yeux doux, tu lui a acheté le pull qu’elle voulait ? »
- (le père) « je ne comprends pas quel est le problème, elle en avait besoin et c’est celui-là qu’elle a choisi… »
- (la mère) « ça m’énerve qu’elle s’habille comme ses copines, elle pourrait trouver son style, je trouve ! »
- (le père) « c’est quoi le problème de s’habiller comme les autres, en fait ? ».
En relisant les caractéristiques de chaque plan de développement : c’’est important pour cette demoiselle d’appartenir à un groupe social, l’habillement peut être un signe d’appartenance, pour certains jeunes, comme peuvent l’être une manière de s’exprimer (il y a eu le « verlan » à une époque !), le style de musique écoutée, etc…
Finalement il y a moult raisons pour que ce soit difficile de passer du temps avec des personnes qui ne sont simplement « pas comme nous », c’est à dire qu’elles ne sont pas en train de vivre la même aventure de la vie. Et c’est sans compter sur d’autres aspects dûs aux différents caractères, à la place de chacun dans la fratrie, à l’éducation (les parents n’ont pas reçu, eux-mêmes, la même éducation, ne sont donc pas à même d’avoir les mêmes idées dans cette matière), aux angoisses vécues, à la nouvelle charge mentale, à cette sensation d’enfermement,…
Prochain épisode : "je suis un parent à la maison avec mon/mes enfant.s : finalement, qu’est-ce que c’est les caprices …: » ?
Lien vers le document pdf de l'épisode : Episode 8 parents confinement (60.47 Ko)